Dans l’impasse… retour en Bretagne !

On imaginait bien un retour triomphal sur Vagabond, au port de Locmiquélic, notre point de départ, le soleil d’été, nos familles et amis réunis, du champagne et des crêpes, une fête à tout casser ! 

Mais… mais mais voilà ! L’aventure, c’est l’imprévu… et nous sommes rentrés au début du mois de février, avec la nuit, le froid et la colère des agriculteurs pour comité d’accueil. J’exagère, bien sûr, nos familles ont été formidables, à commencer par Tanguy à l’aéroport, qui tenait une banderole « VAGABOND » !

Comment en est-on arrivé là ?

Au cours de notre voyage à la voile, on a vécu le moment présent à 100 %, mais on se projetait aussi sur le mouvement suivant. Après avoir dépassé l’Australie, et appris que l’on attendait un bébé, on a décidé de rentrer en Bretagne en bateau, en passant par la Mer Rouge, avec une naissance en Corse. On naviguait avec les saisons, le bon moment pour passer au nord de l’océan Indien est entre décembre et avril, on y était et cela collait bien.

Souvent, on croit savoir quels seront les obstacles majeurs, mais très souvent aussi, on se trompe. Quand les attaques des Houthis et des Somaliens dans le golfe d’Aden ont commencé à être plus nombreuses, on a rapidement acté que l’on ne passerait pas par là. C’est la grande différence entre le voyage en solo ou en couple ou avec des amis, et le voyage en famille : on n’a pas la même acceptation du risque. 

Et comme il était trop tard pour emprunter la route sud, par le cap de Bonne Espérance (la bonne saison pour passer là-bas est novembre décembre), alors pas le choix, c’est l’impasse ! Tristesse et déception, il nous faut laisser Vagabond dans l’océan Indien, et rentrer en France, en attendant d’aller le chercher à la bonne saison ou de le faire revenir.

Bim bam boum patatras, nous voilà !

Emotions mêlées, flou, solitude et retrouvailles !

Les retrouvailles avec nos proches, que nous n’avions pas vu depuis 2 ans et demi, sont une consolation très douce. Ouf ! Mais on se préserve aussi de voir trop de monde car on est dans un flou total, et on ne sait pas répondre aux questions que l’on nous pose. C’est intéressant, les interrogations portent bien plus sur l’avenir que sur le voyage passé. 

“Agathe va commencer l’école ?*
“Tu reprends ton travail ?”
“Où allez-vous habiter ?”
Questions ô combien légitimes, mais pour lesquelles je n’ai aucune réponse !! Et puis celle qui fait mal : “Où est Vagabond ?”

… eh oui, on a abandonné notre bateau, notre maison, le home sweet home de ces deux dernières années, au beau milieu de l’océan Indien…

Le retour est donc marqué par un immense sentiment d’incertitude. Je suis revenue sans Erwan, et passe le mois de février à essayer de nous organiser. Je me sens perdue dans les décisions à prendre. Heureusement, la gentillesse de nos familles et nos amis est un baume ! On se retrouve, je fais la connaissance des bébés nés pendant que nous étions en voyage, je présente Suliac… On compense les moments d’éloignement par une double dose de rires et de discussions, c’est si doux, si joyeux ! 

On prend le temps, on discerne, je reste un peu cachée dans la campagne où vivent les parents 🙂 Un ami nous prête sa maison toute proche, on s’y repose et on prend du recul.

Aller de l’avant, avec une nouvelle équipière

Erwan revient, et ensemble, on analyse notre situation. Évidemment, le voyage n’est pas fini. Avec le bateau au bout du monde, impossible d’écrire le mot “FIN”. Mais la réalité du terrain, à savoir une naissance imminente, me relie au présent. Je voudrais que l’on aille chercher Vagabond plus tard quand on pourra retourner naviguer. En fait, j’aimerais même qu’on n’y pense plus jusqu’à cet été pour se concentrer sur notre famille sur le point de s’agrandir.

Erwan, quant à lui, cherche tous les moyens possibles pour résoudre l’équation bateau-au-bout-du-monde-et-nous-ici au plus vite. Retour en cargo ? Impossible. Vente ? On essaie mais c’est un échec. Skippers ? On a tenté une première fois, qui n’a pas réussi, mais Erwan se tourne de nouveau vers cette solution pour faire avancer le bateau vers l’île Maurice.

Finalement après le flou et l’incertitude, l’épreuve la plus dure dans ce retour est le désaccord dans notre duo. Nous accorder, faire confiance l’un à l’autre, ce n’est pas toujours facile ! Au cours des 2 ans et demi de ce voyage, on aura eu l’impression d’échanger en permanence sur les décisions de la plus importante à la plus insignifiante. Et jusqu’au bout, cela nous aura fait grandir.

Heureusement, la vie avance, le temps de la naissance arrive, et voici Claire !!! Bonheur profond, joie intense, et nouveau bouleversement qui rebat les priorités 🙂

Un retour mais pas la fin du voyage… d’accord. Alors, stay tuned, la suite au prochain épisode !

voyage en famille bateau

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